Le 1er janvier 2022 a marqué le début d’une nouvelle année, mais pas seulement : c’était également le premier jour de la cinquième période des CEE (les certificats d’économie d’énergie). Cette période, qui s’étendra jusqu’en décembre 2025, s’annonce difficile. C’est en tout ce qu’a annoncé Olivier David, chef du service climat et efficacité énergétique à la direction générale de l’énergie et du climat (DGEC). Liane RH revient sur les difficultés annoncées et sur les potentielles opportunités à saisir pour les principaux acteurs des CEE.
Nouvelle période, nouveau programme : quels sont les enjeux des CEE à venir ?
Présentation des CEE
Les CEE sont un programme mis en place par la loi Pope (Programmation fixant les Orientations de la Politique Énergétique). Son objectif principal est de réduire la consommation en énergie des ménages (pour des raisons économiques, écologiques et égalitaires), et c’est pour quoi les certificats d’économie d’énergie ont été instaurés. Concrètement ils obligent les fournisseurs d’énergie (qui deviennent donc des obligés) à faire des économies d’énergie. Pour cela ils peuvent faire des économies d’énergie sur leurs propres installations, mais ils peuvent aussi (et surtout !) inciter leurs clients à en faire, en rénovant leurs installations voire en les remplaçant carrément. En d’autres termes, les personnes physiques ou morales qui font des rénovations peuvent obtenir les certificats d’économie d’énergie, que les obligés peuvent ensuite racheter pour pouvoir remplir leurs objectifs (permettant ainsi aux personnes de voir leurs travaux en partie remboursés).
Ce qui change dans le programme
Chaque nouvelle période des CEE a des enjeux différents des précédentes. Les volumes d’obligation des vendeurs d’énergie pour les travaux d’efficacité énergétique varient d’une période à l’autre, ainsi que la répartition de ce volume en fonction des différents types d’énergie. Les obligés doivent donc suivre des stratégies différentes pour remplir leurs objectifs selon les périodes. Pour cette période, l’obligation théorique est en hausse de 2400 TWh cumac (600 TWhc/an). Concernant la répartition, les fournisseurs de gaz et de fioul seront obligés davantage, tandis que les fournisseurs d’énergie le seront moins. Enfin, certains dispositifs vont être maintenus tandis que d’autres seront supprimés. Ainsi :
- – Le Coup de Pouce Tertiaire et Rénovation globale en habitat collectif et en maison individuelle sera prolongé ;
- – Le Coup de pouce Chauffage pour les équipements avec énergies renouvelables, poêles à bois et conduits sera prolongé ;
- – Le Coup de pouce Chauffage pour le raccordement, et le gaz en remplacement du charbon et fioul ne sera pas prolongé ;
- – Le Coup de pouce Thermostat ne sera pas prolongé.
Pourquoi ce lancement inquiète-t-il ?
Fin des dispositifs à succès
Là où le bât blesse, c’est que le Coup de Pouce Chauffage et le Coup de Pouce Thermostat étaient deux dispositifs qui fonctionnaient très bien. Sans eux, la question se pose de savoir comment les obligés pourront atteindre leurs quota des CEE avec ces deux dispositifs très populaires en moins. D’autant plus que cela signifie la fin de plusieurs chantiers et met donc des emplois en danger.
Une avance sur les objectifs de la cinquième période
Une autre source d’inquiétude, paradoxalement, est l’avance que certains fournisseurs d’énergie ont pris sur les objectifs de la cinquième période. Depuis fin 2021 déjà les prix des CEE sont en baisse et cela s’est aggravé en début d’année, certains estimant que la hausse des objectifs annoncée pour cette cinquième période n’était pas à la hauteur.
Et le marché du travail, dans tout ça ?
Obligés, mandataires, délégataires : où en sommes-nous ?
La cinquième période pose donc problème aux différents acteurs des CEE mais pour différentes raisons. Les CEE et les mandataires sont touchés par la suppression des dispositifs populaires, ce qui signifie qu’ils auront plus de difficulté à tenir leurs promesses en termes d’économie d’énergie. Les délégataires eux sont dans une situation plus délicate au vu de la baisse des prix des CEE. De plus, comme lors de la troisième période des délégataires peu scrupuleux avaient abusé de leur position (en obtenant le transfert d’obligations sans honorer leur contrat notamment), la législation s’est durcie lors de la quatrième période pour éviter ce genre de dérives, et elle s’est encore affermie au lancement de la cinquième période. Les conditions d’accès pour obtenir le statut de délégataire étant plus difficiles à remplir, le marché s’est remodelé, créant de nouvelles dynamiques pour cette cinquième période.
Malgré les difficultés, un recrutement en hausse
Nous parlions d’opportunités en début d’article, les voilà ! Le paysage des certificats d’économie d’énergie est en pleine période de restructuration. Certains délégataires disparaissent, d’autres au contraire reviennent en force, des mandataires prévoient les difficultés à venir et recrutent en masse pour y répondre… En bref, il y a du mouvement et c’est l’occasion pour les entreprises d’améliorer leurs équipes, en recrutant des talents motivés, qui sont de retour ou nouveaux sur le marché.
Plusieurs postes sont activement recherchés :
- – Chargé.e d’affaire / business developer ;
- – Chef.fe de projet CEE ;
- – Ingénieur.e en efficacité énergétique.
Plein d’offres à saisir, pour les entreprises comme pour les candidats !
L’impact du lancement de la cinquième période est donc important pour le secteur de l’énergie. La transition doit être bien réfléchie par les différents acteurs de l’énergie afin de permettre au plus grand nombre de sortir de la précarité énergétique tout en réduisant nos émissions autant que possible, par le biais des certificats, certes, mais aussi de nos engagements quotidiens.